Cela me donne une idée. J'écris à Edouardo d'une main tremblante que j'étais allée à la campagne où j'avais pris de la cocaïne et que l'on m'avait transporté à l'hôpital parce que je ne m'étais pas réveillée.Pour mettre un peu de piment dans la vie. Pour imiter la littérature, qui n'est qu'un canular. [...]
Plus je lis Dostoïevski et plus je me demande si June et Henry ne sont que des imitateurs. Je retrouve les mêmes phrases, la même intensité de langage et presque les mêmes actes. Sont-ils des fantômes littéraires? Ont-ils une âme à eux?
Anaïs Nin, Henry et June (Cahiers secrets) publié en 1986
Au commencement du monde, l'île d'Orango sortie de la mer. Puis apparurent un homme et une femme, Akapama. Ils eurent quatre filles: Orakuma, Ominka, Ogubane, Oraka. Puis vinrent toutes les plantes et tous les animaux. Les quatre filles eurent des enfants qui constituèrent les quatre clans Bidjogos.
Okuma reçut la terre. Elle fabriqua la première idole à l'image de Dieu. Son clan est celui des rois et des prêtres.
Ominka reçut les troupeaux d'hippopotames, mais comme ils sont féroces, les hommes offrirent des sacrifices aux Dieux pour obtenir leur départ vers la pleine mer.
Ogubane reçut le vent. Seuls ses descendants pouvaient l'apaiser.
Mais Oraga prit le pouvoir du vent comme elle commandait déjà la pluie, elle pouvait ainsi contrôler les moissons.
Oraga reçut aussi les plantes et les animaux, ce qui la rendit riche et puissante.
Ainsi parlait Atinobok, "ome grande" du village de Abu sur l'île de Canogo en 1976.
Femme, pose sur mon front tes mains balsamiques,
tes mains douces plus que fourrure.
Là-haut les palmes balancées qui bruissent dans la haute brise nocturne
À peine. Pas même la chanson de nourrice.
Qu’il nous berce, le silence rythmé.
Écoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre, écoutons
Battre le pouls profond de l’Afrique dans la brume des villages perdus.
Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale
Voici que s’assoupissent les éclats de rire, que les conteurs eux-mêmes
Dodelinent de la tête comme l’enfant sur le dos de sa mère
Voici que les pieds des danseurs s’alourdissent,
que s’alourdit la langue des choeurs alternés.
C’est l’heure des étoiles et de la Nuit qui songe
S’accoude à cette colline de nuages, drapée dans son long pagne de lait.
Les toits des cases luisent tendrement. Que disent-ils, si confidentiels, aux étoiles ?
Dedans, le foyer s’éteint dans l’intimité d’odeurs âcres et douces.
Femme, allume la lampe au beurre clair, que causent autour les Ancêtres comme les parents, les enfants au lit.
Écoutons la voix des Anciens d’Elissa. Comme nous exilés
Ils n’ont pas voulu mourir, que se perdît par les sables leur torrent séminal.
Que j’écoute, dans la case enfumée que visite un reflet d’âmes propices
Ma tête sur ton sein chaud comme un dang au sortir du feu et fumant
Que je respire l’odeur de nos Morts, que je recueille et redise leur voix vivante, que j’apprenne à
Vivre avant de descendre, au-delà du plongeur, dans les hautes profondeurs du sommeil.
L'autre soir donc sur TV5Monde, dans une émissions dont j'ai oublié le nom, Jean Rochefort lit un texte de Boby Lapointe...Ca m'a donné envie de farfouiller un peu dans Youtube, voir un peu ce qu'ils avaient de ceu fabuleux poète-acteur-joueur-contrepèteur professionnel....un bijoux...