vendredi 11 mars 2011

Cahiers secrets...

Cela me donne une idée. J'écris à Edouardo d'une main tremblante que j'étais allée à la campagne où j'avais pris de la cocaïne et que l'on m'avait transporté à l'hôpital parce que je ne m'étais pas réveillée.Pour mettre un peu de piment dans la vie. Pour imiter la littérature, qui n'est qu'un canular. [...]
Plus je lis Dostoïevski et plus je me demande si June et Henry ne sont que des imitateurs. Je retrouve les mêmes phrases, la même intensité de langage et presque les mêmes actes. Sont-ils des fantômes littéraires? Ont-ils une âme à eux?

Anaïs Nin,  Henry et June (Cahiers secrets) publié en 1986

samedi 5 février 2011

Nostalgie africaine...Légende Bidjogo...

Archipel des Bijagos


Au commencement du monde, l'île d'Orango sortie de la mer. Puis apparurent un homme et une femme, Akapama. Ils eurent quatre filles: Orakuma, Ominka, Ogubane, Oraka. Puis vinrent toutes les plantes et tous les animaux. Les quatre filles eurent des enfants qui constituèrent les quatre clans Bidjogos.

Okuma reçut la terre. Elle fabriqua la première idole à l'image de Dieu. Son clan est celui des rois et des prêtres.
Ominka reçut les troupeaux d'hippopotames, mais comme ils sont féroces, les hommes offrirent des sacrifices aux Dieux pour obtenir leur départ vers la pleine mer.
Ogubane reçut le vent. Seuls ses descendants pouvaient l'apaiser.
Mais Oraga prit le pouvoir du vent comme elle commandait déjà la pluie, elle pouvait ainsi contrôler les moissons.
Oraga reçut aussi les plantes et les animaux, ce qui la rendit riche et puissante.
Ainsi parlait Atinobok, "ome grande" du village de Abu sur l'île de Canogo en 1976.

jeudi 20 janvier 2011

Nostalgie africaine...


Femme, pose sur mon front tes mains balsamiques,
tes mains douces plus que fourrure.
Là-haut les palmes balancées qui bruissent dans la haute brise nocturne
À peine. Pas même la chanson de nourrice.
Qu’il nous berce, le silence rythmé.
Écoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre, écoutons
Battre le pouls profond de l’Afrique dans la brume des villages perdus.

Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale
Voici que s’assoupissent les éclats de rire, que les conteurs eux-mêmes
Dodelinent de la tête comme l’enfant sur le dos de sa mère
Voici que les pieds des danseurs s’alourdissent,
que s’alourdit la langue des choeurs alternés.

C’est l’heure des étoiles et de la Nuit qui songe
S’accoude à cette colline de nuages, drapée dans son long pagne de lait.
Les toits des cases luisent tendrement. Que disent-ils, si confidentiels, aux étoiles ?
Dedans, le foyer s’éteint dans l’intimité d’odeurs âcres et douces.

Femme, allume la lampe au beurre clair, que causent autour les Ancêtres comme les parents, les enfants au lit.
Écoutons la voix des Anciens d’Elissa. Comme nous exilés
Ils n’ont pas voulu mourir, que se perdît par les sables leur torrent séminal.
Que j’écoute, dans la case enfumée que visite un reflet d’âmes propices
Ma tête sur ton sein chaud comme un dang au sortir du feu et fumant
Que je respire l’odeur de nos Morts, que je recueille et redise leur voix vivante, que j’apprenne à
Vivre avant de descendre, au-delà du plongeur, dans les hautes profondeurs du sommeil.

Léopold Sédar Senghor, Chants d’ombre, 1945


Carnaval 2006, Bubaque-Bijagos 


mercredi 19 janvier 2011

Le coeur en vrac...

Je ne veux plus aimer
Je vais fermer les portes de ce coeur,
Ce stupide coeur qui n'a pas été capable de te montrer
Comme il aurait pu te choyer,
Te protéger, te comprendre,
Te donner et te prendre...
T'aimer quoi...

Mes mains ne caresseront plus de corps 
Puisque ce n'est pas le tien.
Des mains qui n'ont pas su te montrer leurs forces
Pour te protéger de ce monde si laid;
Des mains qui n'ont pas su te donner la chaleur que tu recherchais,
Des mains qui n'ont pas su s'ouvrir quand tu voulais les prendre,
Ni te retenir quand tu es parti...

Et tu es parti...
La tête me tourne et ce n'est pas du vin que nous avons bu ensemble
Mais du vide que tu laisses en moi. Un vide,
 plein de tout ce que nous avons pas pu être.

Et me voici, le coeur en vrac et les tripes à l'air...

Le coeur en vrac et les tripes à l'air,
Ivre, les jambes tremblantes
La gorge serrée et les yeux mouillés,
Je viens à toi implorant ta pitié...

Seras-tu mon bourreau ou mon allié 
dans cette lutte que je ne veux même plus gagner?


dimanche 16 janvier 2011

L'autre soir sur TV5Monde...

L'autre soir donc sur TV5Monde, dans une émissions dont j'ai oublié le nom, Jean Rochefort lit un texte de Boby Lapointe...Ca m'a donné envie de farfouiller un peu dans Youtube, voir un peu ce qu'ils avaient de ceu fabuleux poète-acteur-joueur-contrepèteur professionnel....un bijoux...

Elle s'appelait Françoise,
Mais on l'appelait Framboise !
Une idée de l'adjudant
Qui en avait très peu, pourtant,
(des idées)...
Elle nous servait à boire
Dans un bled du Maine-et-Loire ;
Mais ce n'était pas Madelon...
Elle avait un autre nom,
Et puis d'abord pas question
De lui prendre le menton...
D'ailleurs elle était d'Antibes !

Quelle avanie !
Avanie et Framboise
Sont les mamelles du Destin !

Pour sûr qu'elle était d'Antibes !
C'est plus près que les Caraïbes,
C'est plus près que Caracas.
Est-ce plus loin que Pézenas ?
Je n'sais pas :
Et tout en étant Française,
L'était tout de même Antibaise :
Et bien qu'elle soit Française,
Et, malgré ses yeux de braise,
Ça ne me mettait pas à l'aise
De la savoir Antibaise,
Moi qui serais plutôt pour...

Quelle avanie...
Avanie et Framboise
Sont les mamelles du Destin !

Elle avait peu d'avantages :
Pour en avoir d'avantage,
Elle s'en fit rajouter
A l'institut de beauté
(Ah - ahah ! )
On peut, dans le Maine-et-Loire,
S'offrir de beaux seins en poire...
L'y a à l'institut d'Angers
Qui opère sans danger :
Des plus jeunes aux plus âgés,
On peut presque tout changer,
Excepté ce qu'on ne peut pas...

Quelle avanie...
Avanie et Framboise
Sont les mamelles du Destin !

"Davantage d'avantages,
Avantagent d'avantage"
Lui dis-je, quand elle revint
Avec ses seins Angevins...
(deux fois dix ! )
"Permets donc que je lutine
Cette poitrine angevine..."

Mais elle m'a échappé,
A pris du champ dans le pré
Et je n'ai pas couru après...
Je ne voulais pas attraper
Une Angevine de poitrine !

Moralité :
Avanie et mamelles
Sont les framboises du Destin !