lundi 15 novembre 2010

Voyez comme on danse...

      Parce qu'il vivait dans le présent, il se refusait à toute spéculation sur l'avenir après la mort et à tout rappel inutile du passé. La vie était faite, à ses yeux, pour être consommée sur le champs et sur place. La vie était un produit de dégustation immédiate et qui ne tolérait aucune tentative de conservation artificielle. Ce n'était pas la peine de l'emballer, de la couvrir de nœuds pour faire joli, de l'exhiber derrière soi ni de pousser de grands cris. Ce qui était fini était fini et on n'en parlait plus.
Les amours qui s'effilochent exaspéraient Romain. Il ne lui serait pas venu à l'idée d'aimer une femme qui ne l'aimait pas ou plus. Tout ce qui ralentissait l'existence, tout ce qui s'attachait au passé ou regardait trop loin vers l'avenir lui paraissait insupportable. Il fallait aller vite et ne jamais regarder en arrière. Il s'étonnait un peu de me voir perdre mon temps à écrire des romans.

Voyez comme on danse, Jean d'Ormesson (2001 Prix Combourg)

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